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27 settembre
Cher Pasolini,
Je suis bien triste de ce que votre aimé [sic, Laura Betti] m'a dit il y a quelques jours au téléphone: qu'Oedipe roi était mal accueilli en Italie, et que Bini avait failli perdre courage.
Soyez sûr en tous cas que je n'ai fait aucune déclaration à aucun journal italien sur votre film. Si j'en avais fait une, elle aurait été la suivant: si jái été un peu deçu en voyant ce film pour la première fois, c'était que je me croyais en avance sur lui; en fait, Oedipe était parti derrière moi de loin, de profond; et maintenant je sens qu'il me depasse [sic] lentement, piloté par l'esprit joyeux de Nineto [sic], qu'il est déjà loin devant moi, se rendant au bal costumé de l'histoire, retrouver Marx, Freud et Toto [sic].
Camarade et ami, je vous écris aussi pour vous dire que je pense venir à Rome vers le 10 octobre pour parler de Vangelo 70 [Amore e rabbia [Godard: L'amore, Pasolini: La sequenza del fiore di carta]. Et je vous écris aussi pour vous parler d'une amie de Léaud, d'Anne [Wiazemsky] et de loi [sic], Marilou Parolini, italienne et photographe, qui a fait les photos de tous me [sic] films et rêve (il sogno di una cosa) de revenir travailler en Italie. Et je vous écris encore pour vous demander de la part d'Anne si vous connaissez plus précisement les dates de votre tournage car elle doit travailler en novembre avec M. Cournot sur son film.
À bientôt, cher Pasolini,
Jean Luc Godard.