Julien d'Abrigeon recorre la particular geografía de Pierrot le fou a través de la escritura que la alimenta y se confunde con sus imágenes... la novela negra, Rimbaud, Aragon y los "hombres dobles",... Godard escritor cineasta. Godard cineasta escritor.

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Pierrot le fou est un film. Godard est un cinéaste. Cela est entendu. Et pourtant, ce film, ce cinéaste, échappent aux définitions, pourtant chères à JLG. Pierrot le fou doit être considéré comme une œuvre littéraire, Godard comme un écrivain. Le cinéma serait alors support, un moyen de représentation, au même titre que la scène est le "support" d'une pièce, un enregistrement ou une action/performance la matière du poète sonore.

La littérature se crée hors du livre depuis belle lurette; depuis Bernard Heidsieck le poème est debout, les poètes ont quitté les livres, depuis la mort de Claudel et Musset et les pièces "chorégraphiques", sans texte, de Beckett, le théâtre se débarasse de nouveau du livre, même cette vieillerie qu'est le roman, s'échappe enfin, par Internet, du livre.

Pierrot le fou est à mon sens une des premières œuvres littéraires ayant pour support la projection cinématographique (Au même titre qu'Un chien Andalou et quelques autres...)

Cet article proposera trois axes d'analyse du film dans son rapport avec l'écrit, la littérature. Dans un premier temps nous verrons comment Godard emploie un texte comme matériau de son film, comment il joue avec la notion d'adaptation littéraire. Ensuite nous verrons comment il insère vraiment la littérature, par collage, à travers des réseaux citationnels, autour d'un thème (les hommes doubles) et d'un poète, Arthur Rimbaud.

[Ces trois parties sont extraites d'une plus vaste étude, consacrée à ce sujet dans tous les films de JLG de 1959 à 1967]